EXPOSITION COLLECTIVE AUTOUR DE « WABÉ »
Du 29 nov. au 04 décembre 2016
AUTOUR DE WABÉ J’ai tenté dans cette exposition de rapprocher des matières et supports différents qui servaient de prétexte à la couleur et dévoilent progressivement l’évidence de leur rapprochement. L’expression m’a accompagnée pour nourrir ce tissu de mailles, fantasque et fantomatique, simple et touffu, contrasté, passant de la légèreté du rêve à la complexité de ses interprétations. Elle m’a plongée dans la sensualité du fruit, le modelé des formes, l’épaisseur de la couleur, bleu de lavande et d’outre mer, acidité des jaune, vert qui raconte maintes histoires de peinture, une palette où ne manque pas de s’accrocher les inclusions des pâtes de verre translucides et les scintillements des ors. Wabé a un ancrage sur les rives de la Méditerranée où elle naît, le goût des espaces et du voyage, de la rencontre et des différences que lui communique l’héritage paternel. La nature écrasée de soleil, les couleurs fauves, la surprise des vents, des houles, des écumes, les bateaux qui partent et reviennent, les tons et les accents qui changent une vie. « A cœur ouvert », « Rien qu’une larme », nous tournons autour d’un volume monumental à surprises et faces multiples pour découvrir l’autre visage, le souffle des souvenirs et de l’imaginaire. Entre le jeu des couleurs et les formes étranges, les yeux exorbités, les bouches dévorantes, les gestes déliés à l’extrême, les mains énormes, les animaux fantastiques, elle crée un univers à la fois intime, enfantin et effrayant. L’atelier, comme une clairière entre des zones où les bois auraient disparu, constitue un espace de lumière, crée des odeurs boisées, un micro climat aux espèces exotiques. Les masques, les animaux préhistoriques, les sirènes, les pots de fleurs anthropomorphes pour graminées et plantes grasses, les bijoux, les personnages de conte, déroulent dans les dimensions de l’espace des histoires qui s’entrecroisent. Le papier mâché longuement malaxé, d’une technique exploitée avec soin pour des pièces intimes ou monumentales, donne forme à une œuvre forte et reconnaissable, tissé de désir et de réflexion. Dans ses formes et ses couleurs, elle laisse libre cours aux fantasmes sans renoncer à la précision, au travail de l’artisan. Elle se plie à la matière et en exploite les limites avec un regard aussi libre qu’exigeant. En chacun des artistes, j’ai trouvé un moment du voyage qui était un clin d’œil et une résonance à l’ensemble. A citer Cendrars, on ne saurait dire de qui il s’agit, lianes ou chevelure d’Alice suspendue à son puits, tresse de la Lorelay, dont « le vent tordait les cheveux déroulés » Photographie : Thomas Deschamps Contes et légendes, voix chuchotées, l’univers de Wabé croise celui de Saraï. SARAÏ DELFENDAHL Saraï Delfendahl assemble des personnages dans la confusion des genres, un chien à trompe, le loup de la fable aussi humain que prétentieux, la femme princesse ou sorcière. On suit les méandres de son imagination, la curiosité qui la fait replonger et interpréter l’univers de l’enfance, les animaux de la fable, les princes grenouille. Elle substitue des personnages irréels à des souvenirs effacés. Elle fait des empreintes en terre et les transforme en fables. Dans la légèreté et le divertissement, elle fait passer un message où la symbolique reste lisible. Les maternités reviennent de façon récurrente, les signes mystiques, peurs ou attirance, à peine voilés. MANON CLOUZEAU Manon Clouzeau raconte ses bols, « Paysage mouvant dans un espace de transition. Manon saisit le passage et la continuité. Elle monte ses formes avec finesse et précision. De l’objet quotidien, aussi raffiné et silencieux que les tons de ses argiles, elle fait une architecture, un emboîtement qui renvoie chaque pièce à l’autre. Sur une douce étendue de sable blanc, elle ouvre des cloisons, crée des paysages minimalistes de graines et de terre, aux couleurs grises, bleutées, roses ou jaune. Au hasard du feu, elle choisit une palette lunaire, décline les reflets des minéraux, la fragilité et la poésie des nuances. MACHIKO Touche japonisante avec les céramiques utilitaires de Machiko, ses émaux à haute température et ses cuissons au bois. Les haiku d’hiver évoquent ses arbres dénudés, dans le goût des formes et distorsions naturelles, ses émaux rouges et noires l’harmonie des paysages empruntés, les bols de la cérémonie du thé, la continuité des traditions, le raffinement et l’attention portée au geste. La rencontre avec Machiko à goûter dans l’atelier cette préparation de thé vert m’a ramenée chaque fois à l’adage « Une fois, une rencontre » faisant de ce partage un moment d’exception. CHRISTIAN LEGENDRE Le défilement de saisons, dont chaque atelier réfléchit la lumière, Christian Legendre s’en est empreint jusqu’aux eaux vives et troubles de ses promenades sur les rivières. De la transformation de la terre par l’eau et le feu à laquelle nous convie la céramique aux états changeants d’un parcours liquide pictural, ce sont les facettes des procédés et mystères auxquels l’art nous convie en ce lieu. Le ruissellement, la matière liquide en transparence ou épaisseur, en larmes et légèreté, à bulles et tangentes se poursuit jusqu’aux lianes étranges s’accrochant aux rivages. L’eau, les herbes hautes et anthropomorphes, tels les personnages que Max Ernst nous faisait découvrir dans la confusion des genres, sont ici l’univers du peintre. Il passe du format monumental à l’intimité de ses promenades sur l’eau, l’instant, l’émotion fugitive d’une couleur de saison. La peinture de Christian aussi délicate qu’imprévisible, feu et cendres, passe des miroirs d’eau aux nappes épaisses et opaques, transformant l’élément liquide en relief. Ce voile posé sur ce qui est montré nous amène à la poésie de l’art. L’émotion est au rendez-vous dans les paysages multiples évoqués. Horaires d’ouverture : Pour plus d’information : isis.expo.com Contact : |