RENCONTRES PHOTOGRAPHIQUES DU 10e LEGENDE(S)
Du 27 oct. au 08 novembre 2015
L’Espace Beaurepaire accueille dans le cadre des rencontres photographiques du 10e Avec Légende(s) Contrairement au mythe qui relève de l’imagination, la légende s’inspire de faits réels. C’est au départ un récit écrit, destiné à être lu publiquement et transmis oralement. Plus tard c’est ce même terme que nous utilisons pour qualifier les mots qui accompagnent la photographie. La légende d’une photographie reste toujours ce récit légendaire et authentique. Il s’inscrit dans une réalité qui n’est plus cette-fois ci à l’échelle de notre monde mais à celle de son image, parfois troublante de ressemblance. Certains disent qu’une image vaut mille mots. On a dit aussi qu’elle vaut mieux qu’un long discours. Mais qu’on le veuille ou non, une image qui se soumet au regard n’est pas autonome. Elle sera toujours accompagnée, au sens large, d’une légende qu’elle soit écrite, pensée ou racontée. Si on a coutume de dire, à tort, qu’on lit une photographie, l’association des mots et des images a quelque chose qui renvoie plutôt aux arts divinatoires. Comme les figures d’un jeu de tarot ou le marc de café, la photographie n’est qu’un prétexte pour écrire nos légendes. Il faudrait se méfier des écrivains et des photographes, ce sont des faiseurs d’histoires !? Les travaux des six photographes réunis dans le cadre de cette exposition questionnent ces interactions. C’est par le voyage que Michael Duperrin choisi de se faire évaluer par le texte, de se superposer au récit par une plongée en temps réel dans le bleu de l’Odyssée et tenter de « réaliser » le mythe d’Ulysse. Avec « Nanterre – Embarquement », Marie Sophie Leturcq et Lancelot Hamelin explorent, quand à eux sans a priori, la réalité d’un environnement urbain et s’associent pour générer et entremêler image et écriture. De son coté, Laure Pubert construit un voyage d’investigation dans un champ de distorsion dont le tracé relie les points d’intersection entre la littérature, la poursuite d’un être fantasmé et ce qui lui reste de la réalité. Les autres approches relèvent d’un travail en laboratoire marqué par une attention apportée à l’exploration des caractères spécifiques. Dans ses photographies de lectrices, Carol Müller se sert de la photographie comme d’un chronographe pour mettre en concordance le temps de la pose et celui de la lecture. Quant à Livia Dudouit, elle interpose sa photographie comme un calque entre le foisonnement du réel et la simplification du trait dans les gravures qu’elle expose et dont les légendes se confondent avec des mythographies. Enfin le travail d’Adrien Tomaz entretient, par l’accumulation et la répétition de la preuve par l’image, la confusion entre légende et information visuelle. ADRIEN TOMAZ Twenty-four proofs Ces photogrammes proviennent de films amateurs montrant des OVNIs, disponibles en streaming ; les légendes sont des réactions de spectateurs. Rien n’apparait présent dans l’image à part ce qui est désigné par les textes, malgré l’imprécision de ces derniers. Chaque image devient alors le support de la croyance, de la conviction. La dynamique est proche de celle de l’image pieuse. Lorsque l’image est présente mais son contenu non identifiable, c’est-à-dire qu’aucun mot ne peut le décrire, nous nous confrontons au vide, ce qui est difficilement supportable. Les cartons représentent un moyen pratique pour le transport de ce vide. MARIE-SOPHIE LETURCQ LANCELOT HAMELIN Nanterre / Embarquement Arpentons une ville proche et lointaine, un coin du pays – et observons – comme une terre étrangère. Depuis un an, une fois par mois, j’explore Nanterre, avec un écrivain. Lancelot Hamelin mène une enquête sur la vie onirique de la ville, en résidence au théâtre Nanterre-Amandiers, soutenu par la région Île-de-France. Marchons carte en main, au hasard, et peu à peu, la ville entre en nous. LIVIA DUDOUIT 111 bd de Magenta, 75010 Paris Typologie Urbaine Qu’est-ce qu’une légende si ce n’est un texte, un mot, ou l’impression fugitive d’un instant « t » de notre existence ? Comment traduire de manière objective cette vision du monde ? Existe-t-il réellement un beau universel tel que le conçoit Kant ? MICHAËL DUPERRIN Michaël Duperrin est membre du studio Hans Lucas et de l’Image Latente. Odysseus, un passager ordinaire (travail en cours, 2011-2012) Michaël Duperrin a entrepris de marcher dans les pas d’Ulysse, cet homme mû par le désir du retour et la curiosité de l’autre. Le photographe se rend dans les lieux supposés de l’épopée, il se livre à une errance à la recherche de correspondances entre passé mythique et réalité présente. Son Odyssée est une exploration du monde et de soi. C’est un voyage à travers des strates multiples, entre l’ici et l’ailleurs, le réel et la fiction, le maintenant et l’hier. Ici dans le sud de l’Italie, où se situeraient les Enfers, les Sirènes, le Cyclope et l’île d’Eole. Le tirage cyanotype s’est imposé en apprenant que dans la langue d’Homère il n’y a pas de mot pour bleu, et que l’’adjectif qui plus tard désignera un bleu foncé renvoie dans l’Odyssée à l’Autre Monde. CAROL MÜLLER Lectrices « Les femmes qui lisent sont dangereuses », c’est le titre d’un livre de Laure Adler qui a inspiré ce projet. La lecture comme conquête, conquête de la liberté. C’est avec cette idée en tête que j’ai décidé de rencontrer des femmes dont le rapport au livre structurait l’horizon de vie. J’ai voulu m’introduire dans ce moment de connaissance et d’abandon au voyage intérieur par une présence discrète, la moins intrusive possible. Pour cela, j’ai choisi de m’installer, avec elles, dans le temps long d’une prise de vue de 20 minutes et d’opérer au moyen d’un appareil hasardeux, l’antique sténopé. Il s’agit moins de faire le portrait d’une femme que de toucher l’atmosphère de ses actes de lecture, de créer une empreinte de temps. LAURE PUBERT Je marcherai sur tes traces Je marcherai sur tes traces est le récit en images d’une disparition sans corps, d’une enquête fantastique qui a pour cadre et décor la Norvège. La possibilité d’un lien qui n’aurait pas disparu. Horaires d’ouverture : Vernissage le jeudi 29 octobre à partir de 18h Evénements le dimanche 08 novembre à 15h Contact : |